Les atouts de Lucas MAZUR
Article de la Nouvelle République du 24 décembre 2014
- Lucas Mazur s’entraîne « six heures par semaine ».
Le néo-Tourangeau, licencié au C.E.S.T Badminton, a trusté tous les titres aux premiers championnats de France de parabadminton.
Oui, l’avenir devant soi et le passé derrière soi. Tellement évident. Dans l’histoire de Lucas Mazur, ces évidences sautent si fort aux yeux qu’elles en deviennent banales. Pourtant, la vie de ce jeune homme (il a eu 17 ans le 18 novembre) mérite d’être mise en lumière tant elle a valeur de symbole et d’espoir.
Les JO de Tokyo en ligne de mire
Lucas Mazur, licencié au C.E.S.T, a effectué une razzia de titres lors des premiers championnats de France parabadminton, réservés aux handicapés, selon la dénomination officielle. Mais dans l’esprit de Lucas, le mot handicap ne colle pas. Une histoire désormais enfouie dans l’espace infini de sa mémoire. « J’ai fait un AVC à l’âge de 3 ans suite à la varicelle, paraît-il, mais je ne m’en souviens plus du tout. » Il en a résulté une cheville déformée. Lucas ne s’en formalise toujours pas. « C’est de l’histoire ancienne. D’ailleurs, j’ai commencé par jouer au football, attaquant et gardien. Et puis, j’ai fait rugby, mais bon, ça ne m’a pas bouleversé comme sport… » Pourtant, ses frères aînés étaient plutôt dans l’Ovalie. Et à Colomiers où il habitait, on était plus ballon suppositoire que ballon rond ou volant. Pourtant, Lucas a tourné le dos au foot et au rugby pour se plonger dans le badminton à l’âge de 12 ans. Grâce au collège et à l’UNSS. « J’ai rencontré l’entraîneur du champion, David Toupé, et il m’a fait aimer ce sport. C’est à la fois physique et mental. C’est aussi très ludique. »
Un coup de foudre.
Né à Orléans, Lucas a retrouvé la région Centre, suivant ses parents venus travailler en Touraine et s’installer à Artannes. Naturellement, il a signé au C.E.S.T, le meilleur club d’Indre-et-Loire, il y a quatre mois. Une vie bien réglée déjà « dans un environnement sympa et convivial. » Élève en première STMG (Sciences Technologie Marketing et Gestion) au lycée Choiseul, joueur de l’équipe 4 du C.E.S.T qui évolue en régional, sous la direction de ses deux entraîneurs, Francois Ducaroy et Mathieu Perrin, Lucas Mazur est parfaitement intégré dans son nouveau club. Un club sain dans un sport sain et non dénué d’ambitions. Ce qui colle parfaitement avec l’état d’esprit du triple champion de France qui porte un regard lucide sur le présent et l’avenir. « J’ai la chance d’être au bon endroit et au bon moment. L’équipe de France de parabadminton est lancée, le bad’ fera partie des sports des JO paralympiques de Tokyo en 2020. » L’objectif est tout trouvé.
Et les perspectives toutes proches sont aussi affriolantes. Quatre opens internationaux ont été programmés en 2015 : en Espagne fin mars, en Chine courant mai, en Irlande durant juin et en Indonésie pour août. « J’aimerais bien en faire trois sur quatre, ce qui nécessite un budget adéquat. Charge à moi et à ma famille de trouver des sponsors pour que je puisse toucher au haut niveau et gagner en expérience. » Là encore, Lucas ne se berce pas d’illusions. Le niveau sera de plus en plus élevé avec une présence accrue de joueurs asiatiques. « Je mets tous les atouts de mon côté, que ce soit au niveau de la diététique : pas de pizzas ou de boissons gazeuses par exemple (il en rit). Je suis suivi par un kiné à cause de ma cheville… « Je m’entraîne six heures par semaine à la section études de Choiseul qui s’ajoutent à mes 30 heures de cours. J’ai peu de loisirs, mais le jeu en vaut la chandelle. » Oui, les Jeux en valent la chandelle. 2020 : c’est loin et c’est près. L’avenir est bel et bien devant lui et le passé n’existe plus ou si peu…
Jean-Éric Zabrodsky